Louison Carton

Tout sur les écrans et les enfants

La place des écrans dans la vie de nos enfants fait débat : outil éducatif ou nocif pour le développement de nos enfants ?

Pour en avoir le cœur net, j’ai interrogé mon amie Cécile Poultier, orthophoniste et coach en parentalité. Elle vous dit toute la vérité sur les écrans et vous livre ses conseils pour bien les gérer.

« Si je devais résumer en une phrase : ce ne sont pas les écrans en eux-mêmes qui posent problème, mais l’absence d’interaction avec les parents.

Les études montrent que l’usage excessif des écrans peut être associé à des retards de langage, des difficultés attentionnelles ou encore des troubles du comportement. Mais attention à ne pas tirer de conclusions trop rapides ! Ce lien n’est pas direct : il ne suffit pas qu’un enfant regarde un écran pour qu’il présente ces difficultés.

En réalité, le vrai facteur en jeu, c’est la qualité et la quantité des interactions avec les adultes. Un enfant qui passe beaucoup de temps devant un écran sans qu’on lui parle, sans échange, va effectivement moins développer son langage et ses compétences sociales. Mais ce n’est pas l’écran en soi qui cause le problème, c’est le manque d’interaction humaine.

Pourquoi les interactions humaines sont-elles essentielles ?
Le langage ne s’apprend pas passivement.

Un enfant n’apprend pas à parler en écoutant des vidéos, même si elles sont éducatives. Il a besoin d’échanges interactifs, de réactions, de regards, de gestes, de corrections naturelles dans la conversation. C’est le principe du « tour de parole », qui se construit très tôt avec les parents.

Quand un bébé babille et qu’un adulte lui répond, il comprend que ses sons ont un impact, qu’ils provoquent une réaction. C’est comme cela qu’il apprend à structurer son langage. Mais si personne ne réagit à ses tentatives, ou si l’écran devient son seul interlocuteur, cet apprentissage est freiné.

Le danger, ce n’est pas l’écran en soi, mais ce qu’il remplace.

Si un enfant regarde un dessin animé pendant que ses parents lui parlent, que le dessin animé est ensuite sujet de discussion, qu’on commente ce qui se passe… alors l’écran n’est pas un frein à son développement. Mais s’il est laissé seul, sans qu’on interagisse avec lui, sans qu’on commente ce qu’il voit ou entend, alors oui, cela peut avoir des conséquences.

Autrement dit : l’exposition aux écrans devient problématique lorsqu’elle réduit le temps de qualité avec les parents et les autres interactions humaines.

Comment utiliser les écrans sans nuire au développement ds nos enfants ?

Les écrans peuvent avoir leur place dans la vie d’un enfant, à condition qu’ils soient utilisés avec modération et intelligence. Voici quelques conseils pour une utilisation saine :

1. Regarder ensemble et commenter
– Plutôt que de laisser l’enfant seul devant un dessin animé, asseyez-vous avec lui et parlez de ce qu’il voit.
– Posez des questions : « Que va-t-il se passer à ton avis ? », « Pourquoi le personnage est triste ? »

2. Limiter le temps d’écran passif 
– Un écran en bruit de fond en permanence coupe l’attention et freine les interactions naturelles.
– Fixez des moments sans écran, comme pendant les repas ou avant le coucher.

3. Privilégier le jeu et la lecture 
– Le jeu et la lecture sont les meilleurs outils pour développer le langage.
– Jouez à des jeux de rôle, lisez des histoires, laissez votre enfant raconter avec ses propres mots.

4. Donner le bon exemple 
– Les enfants imitent ce qu’ils voient. Si nous sommes toujours sur nos téléphones, ils en feront de même.
– Montrer qu’on peut poser son téléphone et échanger sans distraction est essentiel.

En conclusion : préservons les interactions !

Plutôt que de diaboliser les écrans, il est plus utile de se concentrer sur ce qui compte vraiment : le temps de qualité avec nos enfants. Ce n’est pas l’écran qui empêche de parler, c’est l’absence d’échanges ! Alors, avant de pointer du doigt les dessins animés ou les tablettes, demandons-nous plutôt : « Ai-je passé du temps à parler, jouer et échanger avec mon enfant aujourd’hui ? »  C’est là que se trouve la vraie clé du développement du langage. »

Cécile, consultante en parentalité et formatrice